Comment es-tu devenue créatrice ? Quel est ton parcours ?
Je n’ai pas un parcours classique de maroquinière, j’ai même un parcours assez atypique puisque je viens des costumes, mais même là je ne m’y attendais pas ! Après de longues études universitaires, pendant le rédaction de mon mémoire de DESS, ma sœur qui savait que j’aimais coudre, m’a demandé de faire les costumes d’un spectacle dans lequel elle jouait. J’ai eu le coup de foudre pour ce métier, costumière, que j’ai exercé pendant presque 15 ans. Et c’est à travers ce métier que j’ai découvert le cuir. C’est avec toutes ces expériences mêlées que ma passion pour la maroquinerie a éclos.
Comment te définis-tu en tant qu’artiste ? Parle-nous de l’univers de 114 Paris
Mon univers s’est construit autour de la musique. J’ai commencé le violon à 6 ans, puis le piano, la flûte traversière, la guitare électrique (jusqu’au barré…), et enfin le chant. Les arts, « majeurs » ou « mineurs » m’ont toujours accompagnée, de Bach à Alison Mosshart des Kills. Et puis le théâtre, le texte, les mots. Des influences très différentes et il me semble très complémentaires, qui constituent un terreau tellement fertile ! Qui nourrit tant de projets, si nombreux que j’ai parfois du mal à choisir lesquels développer en premier !
Tu peux nous en dire davantage sur tes matières de prédilection et tes techniques de travail ?
Ma matière de prédilection est le cuir bien sûr. C’est difficile de mettre des mots sur des sensations. Le cuir est un matériau particulier. Il ne faut pas oublier que c’est de la peau animale. Il me semble que travailler et transformer le cuir est une manière de rendre hommage, une manière de remercier l’animal de nous avoir nourri. La maroquinerie, le travail du cuir, est me semble-t-il la forme la plus ancestrale de l’upcycling.
De l’idée à la réalisation, tu nous expliques ton processus de création ?
Entre l’idée de départ et la réalisation, c’est un peu quitte ou double. Soit on va directement à l’objet que l’on a imaginé, d’une traite, presque en mode automatique, comme si le patronage du modèle était un fichier déjà enregistré dans notre cerveau. Soit, on emprunte un chemin presque mystique où chaque étape change à mesure qu’on la franchit. Il m’arrive encore de continuer à transformer un modèle déjà exposé, le reprendre des rayons où il se trouve pour lui apporter quelque choses de nouveau.
Quelles sont tes principales sources d’inspiration ?
Mes inspirations viennent de partout, autant du théâtre et de la littérature que de la mode ou la télévision ! Toutes les formes d’expression créatives m’inspirent. J’ai beaucoup travaillé au théâtre avec de la musique, de la vidéo, ou du cirque ! A l’époque, c’était un peu décalé, j’ai gardé cette ouverture il me semble, dans ma manière de traduire ma vision des matériaux que j’ai envie de transformer, et plus particulièrement le cuir. Pour l’instant je fabrique des sacs, mais pourquoi pas dans quelques années passer à des sculptures géantes !
Parle-nous des projets à venir pour 114 Paris ?
Mes projets à venir sont un peu liés à la situation sanitaire que l’on connaît et aux ajustements qu’il faut inventer pour continuer à exercer le métier qui nous passionne !
Je développe des ateliers à Paris, où on fabrique son sac sans couture en 3 heures. Je suis également en train d’imaginer une box pour ceux qui habitent plus loin et qui ont envie de s’essayer à la maroquinerie 🙂
Qu’est-ce qui fait la particularité de tes créations ?
Je crois que ce qui plaît le plus dans mes mini-sacs sans couture c’est le mélange entre modernité et classicisme. Leur forme est inspirée de l’enveloppe, un objet de notre quotidien, qui fait partie, sans que l’on s’en rende compte, de notre vie. C’est un origami très simple, une pièce de cuir pliée et rivetée, qui donne au modèle « Pliage », modèle phare de la marque, des lignes très épurées, arrondies, sans rupture, et surtout légères…
Quel objet insolite pourrait-on trouver dans ton atelier ?
Sans hésiter un pin’s Peter Pan, offert par une amie, qui m’inspire jour après jour !
Petit défi : « 3 mots pour décrire ou définir 114 Paris »
Légères, intemporelles, déterminées … comme les femmes qu’elles accompagnent…