Comment as-tu développé tes compétences pour devenir créatrice de bijoux ?
Je suis devenue créatrice à la suite d’une reconversion professionnelle quand j’avais 26 ans. En fait, déjà toute petite, j’étais fascinée par l’archéologie et notamment l’évolution humaine, et le symbolisme (l’art, la parure et les traitements funéraires). J’ai donc fait des études d’archéologie préhistorique et d’anthropologie biologique.
Suite à mon Master, j’ai un peu travaillé comme archéologue, mais c’est un métier où il est compliqué de se faire une place donc j’ai finalement préféré passer à autre chose. Parce que pendant des années j’avais suivi ma passion, j’avais réellement besoin de m’épanouir à nouveau dans cette reconversion. Il me fallait un métier de passion, et un métier manuel et minutieux.
J’en étais certaine. À l’époque j’avais la chance d’avoir une amie joaillière, et son métier m’avait toujours intéressé. Grâce à elle, j’ai pu passer plusieurs jours dans son atelier à appréhender le travail d’un bijoutier. J’ai candidaté dans cinq écoles en France, et j’ai choisi l’école Tané à Ploërmel, en Bretagne qui dispense une formation de deux ans, très complète, et avec énormément d’ateliers.
J’ai donc été formée aux techniques traditionnelles de la bijouterie, mais j’ai suivi également plusieurs initiations (fonte à cire perdue, 3D, sertissage).Dès le départ, je savais que je voulais être créatrice et non pas travailler pour quelqu’un. J’avais cette envie de fabriquer des bijoux qui me plaisaient réellement, et qui me correspondaient.
Cela m’a pris quelques années pour monter mon projet, d’abord pour qu’il soit parfait, d’autre part car ma vie privée a été pas mal chamboulée (déménagements multiples, famille qui s’est agrandie). Je me suis officiellement lancée en janvier 2022, en créant «Arouez, Bijoux à la Croisée des Temps».
Comment te définis-tu en tant qu’artiste? Parle-nous de ton univers ?
À la base , je ne me suis jamais définie comme une artiste tout simplement parce que je n’ai jamais vraiment su dessiner, et je ne me sentais pas particulièrement créative. D ‘ailleurs cette reconversion m’avait surprise au départ, car je quittais le monde scientifique pour un métier très créatif, et qui touchait aux émotions. Mais en y réfléchissant, j’ai toujours griffonné, colorié, et même peint.
J’adore les activités manuelles les comme la poterie, ou la fabrication d’objets de décoration. Je suis donc une créative qui a mis un peu de temps à trouver sa voie. Je suis une créative scientifique, car j’ai gardé mon côté perfectionniste et carré de l’archéologie ! Mon univers ne surprendra personne puisque mon fil conducteur c’est ma première passion.
Je fabrique des bijoux aux formes modernes, dans l’air du temps, mais inspirés de l’archéologie et des époques passées. Arouez, c’est une marque parfaite pour les femmes modernes qui veulent s’épanouir et se démarquer en douceur, grâce à des bijoux mystérieux, différents et uniques. Chaque collection sera inspirée d’une époque, ou d’un peuple en particulier et duquel je tire des motifs, des techniques ou encore des matériaux particulièrement utilisés à l’époque »
Tu peux nous en dire davantage sur tes matières de prédilection et tes techniques de travail ?
Actuellement, je ne travaille que l’argent 925/1000 e. Comme la loi l’oblige, je suis déclarée auprès des douanes pour le travail des métaux précieux. Je peux donc également travailler l‘or, que je ne propose que sur commande pour le moment. Toutefois, selon les collections et donc les époques qui vont m’inspirer, je vais être amenée à utiliser différents matériaux.
Par exemple, j’ai du bois de cerf dans mon atelier, que j’utiliserai pour une collection sur la Préhistoire. J’ai aussi prévu une collection sur les sumériens, un peuple de Mésopotamie , qui utilisaient énormément l ‘or et le lapis – lazuli (une pierre ornementale bleue) . Mes inspirations variées vont me permettre d’avoir des collections très différentes les unes des autres Je travaille avec les outils et les techniques traditionnels de la bijouterie.
Je réalise mes bijoux à la main en utilisant divers outils spécialisés. J’utilise notamment une petite scie de bijoutier pour découper le métal, ainsi qu’un moteur suspendu pour percer, texturer et polir mes créations en utilisant différentes brosses et forêts. J’ai également recours à des pinces et des marteaux de bijoutier pour façonner les métaux en leur donnant différentes formes et textures. Les techniques et les outils que j’utilise peuvent varier considérablement selon les collections que je crée.
Peux-tu nous expliquer ton processus de création, de l’idée à la réalisation ?
Du fait de mes sources d’inspiration liées à l’archéologie, le processus de la création est long. Cela commence avec une phase de recherche bibliographique. J’utilise mes anciens cours d’archéologie, je lis beaucoup d’articles, j’essaye de trouver des informations, non seulement sur la bijouterie, mais aussi sur les modes de vie, les innovations, la poterie, les outils et les armes, etc.
A chaque fois, j’écris un article sur la période concernée, donc c’est vraiment un travail qui me prend plusieurs semaines. Pour la collection, j’essaye de ne retenir que deux ou trois points. Cela peut être une forme récurrente, une technique, un matériau, etc. Ensuite, il y a une phase de dessin qui est longue également. Au départ, je commence par coucher tous les mots qui m’évoquent la collection : les formes, les textures, les matériaux utilisés, mais aussi les émotions et les sensations que je veux faire ressortir.
Je dessine les formes principales sans me soucier du bijou en particulier que je veux fabriquer. J’ essaye vraiment de faire ressortir des choses, et en général il faut laisser passer quelques jours avant de revenir sur les premiers dessins C’est à ce moment-là que le choix se fait plus naturellement, avec des dessins qui ressortent de façon positive, et d’autres qui ne me plaisent absolument plus.
Donc là, il faut redessiner à nouveau plus précisément , développer les idées pour des bagues , des bracelets, des colliers etc. Après le dessin vient la phase de prototypage, décisive. Il s’agit de fabriquer les premiers bijoux afin de tester les épaisseurs, les formes, la portabilité, le retombée d’un pendentif, le confort d’une bague, etc.
Parfois, sur le dessin, on fait un très joli bijou et puis une fois qu’on essaie de le fabriquer on se rend compte que techniquement c’est compliqué, ou bien esthétiquement, cela ne fait pas le rendu escompté. Entre les premières pièces de prototype et les premières pièces finies, il y a donc parfois un sacré monde. Je fabrique tout à la main, donc chaque pièce est unique et c’est ce qui fait la beauté de mon travail.
Quelles sont tes principales sources d’inspiration ?
Mes sources d’inspiration sont évidemment les époques passées. Donc finalement, cela va être un petit peu tout. Certains peuples étaient inspirés énormément par la nature, d ‘autres par les couleurs. Cela me permet d’avoir une source quasiment infinie d’inspiration.
Concernant les formes, je les veux vraiment simples et modernes, car je les veux dans l’air du temps et intemporelles . Et je ne veux pas qu’elles prennent le pas sur les décors et les motifs que je peux utiliser.
Parle-nous de tes projets à venir?
Les projets à venir sont bien évidemment des nouvelles collections. Je travaille actuellement sur un site emblématique de Bulgarie, qui a plus de 6000 ans. Donc je prépare une collection pour février & mars!! Mon projet un peu plus lointain, c’est d’ouvrir un atelier/boutique.
D’abord pour accueillir les clients et pouvoir partager avec eux. Mais aussi pour pouvoir proposer des stages de fabrication, où les clients pourront fabriquer des bijoux (relativement simples) et repartir avec.
Qu’est-ce qui fait la particularité de tes créations ?
La particularité de mes créations, c’est d’abord leur univers. Souvent les bijoux inspirés d’archéologie, sont des copies. Ils sont donc dans un style archéologique. De mon côté, je ne veux pas faire de l’archéologie, je veux seulement m’en inspirer pour proposer des bijoux modernes, que tout le monde peut porter. Parfois, il faudra d’ailleurs vraiment chercher pour voir les connexions, et c’est ce qui me plait.
Il y aura l’Histoire derrière chaque collection, mais également mon histoire et mon interprétation. C’est ce qui rend mes créations uniques. Je propose également une personnalisation sur mes collections. Cela permet au client d’avoir exactement le bijou dont ils rêvent. On peut me contacter directement afin de modifier la taille, la forme, ajouter de l’or, etc.
J’ai par exemple une cliente qui souhaitait allonger les boucles d’oreilles Enlouc’had de la collection Empreinte. Elle a souhaité ajouter un carré sur chaque boucle, et dépareiller la paire pour plus d’originalité.
Quel objet insolite pourrait-on trouver dans ton atelier ?
L’objet le plus insolite de mon atelier, c’est sans doute une grosse vertèbre de bœuf, qui ressemble à un visage! Je l’avais ramené de ma toute première fouille, un forum antique en Normandie.
Petit défi: « 3 mots pour décrire ou définir vos créations »
Modernes, mystérieuses, personnalisables.