Créateur dans l’âme, féru d’objets industriels, grand amateur de récup et de recyclage et expert en restauration de mobilier et luminaires; l’Atelier des Zèbres est un artisan atypique à découvrir absolument ! Confidences …
As-tu toujours été artiste ? Quel est ton parcours ?
Tous les enfants sont des artistes. Et certains gardent leur âme d’enfant…
Je suis né et j’ai grandi à côté des puces de Vanves. Ma curiosité a toujours été titillée par un fatras hétéroclite de meubles et d’objets divers et variés déballés à même le trottoir.
A vingt ans, je suis devenu brocanteur sur ce marché.
C’est à ce moment-là que je me suis aperçu que je n’avais pas l’âme d’un marchand. Je me suis alors tourné vers l’ébénisterie et la restauration de mobilier.
Fraîchement diplômé de l’école Boulle, j’ai ouvert mon premier atelier à Ville d’Avray en 1989. Restaurations, détournements et créations de mobilier sont mon crédo à l’atelier. En parallèle, je continuais à exposer dans des foires et des salons d’antiquaires et de créateurs.
Ensuite, je me suis agrandi, tout en restant dans ma commune d’origine. Le petit atelier de 25 m2 du début est alors devenu un grand espace d’atelier et de show-room : l’Atelier des Zèbres. Un atelier de création, de détournement et de restauration de mobilier et de luminaires. C’est aussi un univers de déco en partenariat avec d’autres Zèbres, dont Cécile Guinard est la principale inspiratrice.
Quelles sont tes sources d’inspiration au quotidien ?
En premier lieu : la vie, tout simplement ! Mais aussi la curiosité de tout !
D’une petite fourmi dans l’herbe jusqu’aux friches industrielles gigantesques, je reste en perpétuel émerveillement.
J’aime transformer et créer. La matière m’inspire, à tel point que parfois je me laisse entrainé par elle.
Par exemple, le veinage d’un plateau de bois peut me guider dans les dimensions choisies afin d’en tirer le maximum de sa quintessence.
Mais aussi la forme d’une pièce de machine en acier que je démonte me pousse à la sublimer et lui donner une nouvelle fonction, une seconde vie.
J’en suis même parfois à gratter le sol pour en extraire de vieux isolateurs électriques enfouis dans une carrière à l’abandon ! Que de belles céramiques industrielles à faire vivre de nouveau !!
Partir de la matière brute ou de pièces récupérées et recyclées pour les transformer fait partie de mon hygiène de vie et de mon équilibre mental.
En bref, la restauration de mobilier, le recyclage, c’est génial !
Bois, métal, céramique … penses-tu travailler avec d’autres matières?
Le bois est mon élément premier. D’ailleurs, la restauration de mobilier m’a fait voyager à travers l’histoire et travailler sur de nombreuses essences de bois du monde entier. Ainsi, je crée aujourd’hui une grande partie de mes meubles en wengé massif, issu de forêts éco gérées du Cameroun.
Néanmoins, je n’oublie pas pour autant nos belles essences de bois de France, et je chine régulièrement quelques rares plateaux de chêne, d’orme, de noyer, etc.
Par ailleurs, j’apprends à dompter le métal. J’affectionne les assemblages mécaniques, le filetage et le taraudage. En outre, j’envisage de faire un stage de soudure pour apporter une corde de plus à mon arc ! J’ai également appris à gainer le cuir, tissu, papier, carton, etc., pour habiller mes meubles.
J’aime bien aussi travailler le verre, la pierre, l’os, et fabriquer des bijoux.
La matière est infinie, il faut avant tout l’appréhender, l’apprendre et la comprendre.
Quel est ton processus de fabrication pour une lampe par exemple ?
D’abord la vision, puis la matière ! Qui de l’œuf ou de la poule ?
Tout dépend si j’ai dans les mains une série de pièces ou un ou plusieurs éléments uniques.
Soit je travaille en série pour trouver un processus de fabrication, ou bien je pars sur un projet unique, non duplicable.
Plus mon travail avance, moins j’ai envie que l’on appréhende le câblage électrique. Soit il fait partie intégrante de la lampe, soit il disparaît le plus possible. Cela fait appel à un souci d’ingénierie pour être aux normes.
Ça se complique un rien quand on intègre deux points lumineux à la lampe; et un peu plus quand le tout est en rotation.
En d’autres termes, la création est une chose, la réaliser en est une autre. Combien de projets ai-je dû abandonner faute de solutions viables ?
L’expérience me fait avancer. Je m’amuse à chercher, à m’adapter et à trouver de nouvelles pistes de création.
As tu d’autres projets en cours ? Des créations, des évènements ?
Le maître mot de l’Atelier des Zèbres est :
» ici on récupère, on recycle, on transforme, on rénove et on crée ! »
Le problème des projets en cours est qu’ils sont trop nombreux …
Parfois on tâtonne et on fini par défaire pour mieux refaire, ou en faire autre chose.
Je travaille en ce moment sur une série de lampes conçues à partir de vieux isolateurs électriques (ma marotte, je les collectionne depuis Mathusalem). Ou encore sur une transformation de grands supports de store en ciseaux des années 20 en giga doubles lampes steampunk [le steampunk est un courant essentiellement littéraire dont les intrigues se déroulent dans un XIX e siècle dominé par la première révolution industrielle du charbon et de la vapeur, N.D.L.R.]*.
Mon métier premier étant ébéniste, je travaille sur un projet d’une grande table de conférence personnalisée (inclusion de logo et texte en marqueterie de bois et verre) pour un grand organisme international.
Pour le mois de décembre, je prépare également un événement à mon atelier/show-room : une immersion dans le monde des Zèbres avec accès au fond des tréfonds de l’atelier et de son stock; mais aussi vue sur des pièces en cours ou faites et pas encore dévoilées.
Un objet insolite que l’on retrouverait dans ton atelier ?
Un objet insolite que l’on retrouverait dans mon atelier ?
Heu…Dois-je vous faire un inventaire à la Prévert ? Ou façon Boris Vian (originaire de Ville d’Avray, commune à forte concentration de « Zèbres ») ?
Dans l’atelier ou les hangars attenants, on trouve des objets inhabituels !
Une moissonneuse-batteuse Brau 1960, bleue, qui roule plus mais qui eu roulé, je l’ai vu !
Il y a aussi des canoës en acajou des années folles, c’est chouette les rivières navigables d’Ile de France.- Un train de pneus d’Airbus (je sais plus quel modèle).
On trouve également des caisses pleines de compteurs anciens d’usines pour le steampunk.
On encore une salle de siège de cinéma ’70 oranges, si on manque d’assises dans sa buanderie.
Et même … des ailes d’avions pour un projet de grandes tables et des bouts de bois rares accumulés depuis trente ans …
Bref, on trouve des trucs et des machins, des choses et d’autres, etc. Que dire ? Pour moi l’insolite est mon quotidien, à vous de voir quel est le vôtre !
Très jolies créations. J’aime beaucoup la seconde vie que vous donnez aux objets qui vous inspirent. Merci pour le partage !