Les bijoux Bastille sont de douces créations d’or et de suédine. Lumineux et colorés, ils donnent à une tenue sobre le détail en plus.
Comment es-tu devenue créatrice de bijoux? Quel est ton parcours ?
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été très créative, et très manuelle. Mais j’ai eu une vie avant Bastille. Une vie de cadre dans une grande multinationale. C’était très intense, je voyageais beaucoup et le quotidien était à la fois dense, chargé d’adrénaline, et plein de rebondissements. Et j’ai adoré cette vie là ! Après une quinzaine d’années à ce rythme, j’ai eu besoin de me recentrer sur ma famille, remettre du sens dans ma vie, faire quelque chose de mes mains. C’était devenu irrépressible. Alors j’ai décidé de faire de ma passion mon métier. J’étais autodidacte mais pour lutter contre le syndrome de l’imposteur, je me suis formée aux techniques de la bijouterie pendant plusieurs mois, auprès d’une créatrice qui m’a accompagnée avec talent et bienveillance. C’est elle qui m’a aidé à prendre mon envol et à officiellement lancer ma marque.
Tu peux nous en dire davantage sur tes matières de prédilection et tes techniques de travail ?
J’ai deux matières de prédilection : le laiton brut, tout d’abord, que je source en Europe uniquement afin de le garantir sans plomb, sans nickel et sans cadmium. J’aime le laiton parce qu’il est facile à travailler, il laisse une grande souplesse dans la création, et il me permet de m’exprimer sans retenir mon souffle à chaque coup de scie. Je le fais ensuite évidemment dorer à l’or fin 24 carats pour m’assurer de sa bonne tenue dans le temps, et pour garantir son éclat brillant.
La deuxième matière dont je ne peux pas me passer, c’est la suédine, qui me permet d’apporter la couleur essentielle aux bijoux Bastille. Cela me permet de décliner chacune de mes créations en plusieurs coloris pour mieux s’adapter à toutes les envies.
De l’idée à la réalisation, tu nous expliques ton processus de création ?
Pour créer une nouvelle pièce, j’ai deux façons de procéder : la première, la plus fréquente, part du croquis. J’ai alors une idée assez précise en tête, que je mets en forme sur papier (assez maladroitement le plus souvent, je suis une piètre dessinatrice). Je m’attèle ensuite au prototypage jusqu’à ce que je la matière prenne vraiment la forme de mon intention créative. Mais parfois, je ne passe pas par cette étape du croquis, je me mets tout simplement à mon atelier, je me plonge dans mes apprêts, dans mes estampes, et je fais des essais d’assemblage. Quand je sens que je « tiens un truc » je mets la couleur, pour voir si cela fonctionne jusqu’au bout et si je valide ou non le modèle.
Une chose est sure, je ne créé que des bijoux que je prends plaisir à porter. Et je ne valide aucune pièce sans l’avoir portée quelques jours, pour être sûre qu’elle tombe exactement comme je le souhaite, qu’il n’y a pas de liens qui s’entortillent par exemple, ou tout simplement que le rendu est à la hauteur de ce que j’avais imaginé. Parfois cela ne fonctionne pas, une fois portée, une pièce ne me plaît plus, alors que sur le papier, j’étais enthousiaste. Lorsque cela arrive, je la mets de côté, pour y revenir quelques semaines plus tard, avec un regard neuf, et voir comment la repenser.
Quelles sont tes principales sources d’inspiration ?
Mes sources d’inspiration sont vraiment protéiformes, je m’inspire de tout ce qui m’entoure, tout ce que je vois. L’univers art déco est notamment assez présent dans mes bijoux, mais la nature aussi : c’est donc vraiment très large ! Je m’intéresse à des univers très différents, de l’art à la BD en passant par l’architecture. Bref, je ne m’interdis rien en matière d’inspiration !
Parle-nous de tes projets à venir
Cette période est forcément très difficile pour lancer de nouveaux projets, on lutte tellement chaque jour pour la survie de nos entreprises artisanales qu’il est compliqué de trouver la ressource d’imaginer les ressorts d’activité de demain. Néanmoins, parce que je suis d’un naturel optimiste et que j’ai besoin de projets pour avancer, j’ai plusieurs idées en tête pour cette année, en marge des deux collections habituelles. Je suis en train de boucler une capsule « mariage » que je souhaite lancer au Printemps prochain. C’est vraiment un projet qui me tient à cœur parce qu’il est né d’une rencontre avec une créatrice de robes de mariée, et que j’ai pris beaucoup de plaisir à imaginer les bijoux qui pourraient venir apporter la dernière touche à ses sublimes créations.
Ensuite, je suis en train d’amorcer un travail sur l’univers de la broche pour l’automne-hiver prochain. Je voudrais imaginer des broches de manteau. J’ai quelques modèles déjà, mais aucun n’est encore vraiment abouti.
Qu’est-ce qui fait la particularité de tes bijoux?
La suédine, définitivement. C’est vraiment ma signature artistique, c’est grâce à elle qu’on distingue tout de suite un bijou Bastille. J’aime que cette matière, et ses couleurs vives, soient le point d’orgue de mes créations. Je suis de ces femmes qui aiment s’habiller sobrement, mais qui ne veulent pas renoncer à l’originalité et à une pointe d’audace. Mes bijoux permettent cela : twister une tenue, qu’elle soit sage ou rebelle, pour révéler votre singularité sans altérer votre naturel. Futile mais essentiel en somme !
Quel objet insolite pourrait-on trouver dans ton atelier ?
On trouve toutes les réalisations artistiques de mes enfants : vous savez tous ces objets qu’ils font avec tout leur cœur, dont il est impossible de se séparer, mais qui ne peuvent malgré tout pas décemment trôner dans notre salon. Et bien, chez moi, ils ont une place de choix, et je travaille entourée d’eux chaque jour ! Cela rend mon atelier assez éclectique je dois dire, mais j’avoue que cela me plaît assez que cet espace soit finalement dédié à la création au sens large. Cela a un côté rafraîchissant et cela met un peu les choses en perspective.
Sinon, on trouve mon « diplôme » d’atteinte du sommet du Kilimandjaro, les photos de mes plus belles courses dans les Alpes, un bout de corde avec un mousqueton… Cela me rappelle que mon autre grande passion, la montagne, n’est jamais très loin. Et surtout, dans les moments difficiles auxquels font face tous les entrepreneurs, je peux les regarder et me dire que je suis armée pour affronter les obstacles et franchir les sommets difficiles. Et quand cela ne suffit pas, je pars courir !
Petit défi J : 3 mots pour décrire ou définir vos créations
Fines, délicates, colorées.