Autrefois Professeure de Lettres, Claire Mazurel a désormais choisi de transposer son amour de la poésie dans ses créations de luminaires. Ses sculptures lumineuses captent et magnifient la lumière pour n’en diffuser que l’essentiel. Ainsi, elles éclairent, elles embellissent, et surtout elles contribuent à mettre en évidence l’âme de l’espace qu’elles occupent.
Découvrons cette artiste accomplie que l’envie d’apprendre pousse sans cesse à sortir de sa zone de confort pour se renouveler.
Comment es-tu devenue designer de lumière ?
J’ai commencé la sculpture pour échapper aux mots, au langage alors que j’étais Professeur de Lettres. Le travail des mains, de la matière, le silence de l’atelier m’ont séduite. Et puis au fil du temps, parce que j’étais entourée de designers et d’artisans, j’ai glissé vers l’objet.
Pourquoi le luminaire ? A vrai dire, j’ai toujours eu horreur des lumières directes et froides, celles qui créent des atmosphères hostiles. Je me souviens d’un long séjour en Argentine à la fin des années 90 où les néons étaient rois, partout, dans les salons, les restaurants, les bars. Et ça a été une gêne. On avait tous des teints patibulaires et les lieux perdaient instantanément de leur charme.
Le travail de la lumière permet de scénographier un espace et de lui donner une âme.
Parle-nous de tes matières et de tes techniques de prédilection ?
Avec le recul, ce sont les matières liées à la sculpture qui sont mon point de départ. On se sert de la fibre de chanvre pour créer des moules et c’est en apprivoisant sa texture que m’est venue l’idée de l’utiliser pour elle-même. La porcelaine, la tarlatane, le bois, la résine en font également partie. J’aime les matières vivantes, qui interagissent, se métamorphosent, se patinent avec le temps, varient en fonction de la lumière et du regard.
Les techniques sont, elles aussi, liées au volume : le modelage, le moulage, le travail au chalumeau, la soudure, la fonte. Avec un petit faible pour celles qui font intervenir le feu, mon côté « vestale » sans doute.
De l’idée à la réalisation, peux-tu nous expliquer ton processus de création ?
Tout part de l’exploration de la matière. Tout vient d’elle. Pas de processus proprement dit. C’est son rapport à la lumière, sa translucidité, sa texture, ses reliefs qui suggèrent des techniques plutôt que d’autres. Et une fois le prototype créé, je le décline en lampe, en applique et en suspension.
Quelles sont tes principales sources d’inspiration ?
Je me rends compte aujourd’hui de la continuité entre la sculpture et le design de luminaire du point de vue de l’inspiration. C’est toujours la nature qui est au centre, l’organique. Je suis fascinée par ses textures et ses graphismes qu’ils soient d’ordre végétal, animal ou minéral: l’écorce d’un arbre, les branches, le givre, le corail, les bois d’un cerf, la forme d’une méduse, la mousse sur le granit…
Parle-nous de tes projets à venir
Développer des collections et continuer d’explorer de nouvelles matières. Et surtout me tourner vers la couleur. J’ai toujours eu un côté japonisant, très noir et blanc mais peu à peu je sens que la couleur m’inspire. J’aime celles qui sont à l’inverse des couleurs franches ou pastel, qui rappellent la densité des pigments et sont à la lisière de 2 couleurs, les verts de gris, les bleu-vert, les terres de Sienne, les teintes ocre, prune, bronze… La collection « Cabaret » me permet en ce moment d’expérimenter les résonances entre elles et de transgresser mon côté manichéen…
Qu’est-ce qui fait la particularité de tes créations ?
Le dialogue entre la sculpture et le design.
Quel objet insolite pourrait-on trouver dans ton atelier ?
Un crâne moulé en plâtre avec des faux cils !
3 mots pour décrire ou définir les créations Claire Mazurel !
- Poésie
- Sobriété
- Élégance