Faire House remet l’ebru au goût du jour !

L’ebru est l’art traditionnel turc qui consiste à créer des motifs colorés en appliquant des pigments de couleur au goutte-à-goutte ou au pinceau sur de l’eau à laquelle on a ajouté des substances grasses dans un récipient, puis à transférer ce motif sur du papier.

UNESCO

Comment es-tu devenu créateur ? Quel est ton parcours ?

J’ai démarré mon parcours artistique en passant par Penninghen en classe préparatoire puis à l’École Régionale des Beaux-Arts de Rennes (2005-2007) dans un objectif premier d’approfondissement de la technique.

Mettant un point d’honneur à l’agir, aux matières et aux outils dans ce qu’ils ont de complémentaires, je me suis essayé à différents médiums qui m’accompagnent depuis toujours, dans une démarche perpétuellement transdisciplinaire : peinture, photographie, maquillage, couture, sculpture, collage, vidéo, etc.

J’ai engagé ma carrière professionnelle en tant que freelance puis dans des agences de communication parisiennes en tant que directeur artistique pour des missions de graphisme et de design applicatif (l’objectif était d’accompagner de grands comptes dans la création de leurs programmes de formation et leur communication interne). J’ai également monté une première entreprise en tant que Directeur de la création – Associé, pour répondre à des projets de création multimédia. Ces expériences furent très intéressantes pour développer un œil graphique, s’outiller, saisir les évolutions en termes d’esthétiques.

A côté, j’ai développé plusieurs projets artistiques mêlant performance, costume, mise en scène et photo, dont l’expérience “Freaked. But Chic” invitant 80 personnes à incarner un zombie, leur “zombie”, et ce, dans une posture pop et transgressive de ce personnage folklorique.

En 2019, l’apprentissage de l’ebru, une technique ancestrale de peinture, auprès d’un maître turc d’Istanbul, fut pour moi décisive dans l’orientation de mon parcours. C’est ce qui, avec le soutien de ma compagne Juliette, a déclenché la naissance de la Faire House. Nous nous appuyons sur le procédé ancien dans la préparation des couleurs, du bac, de certains motifs, mais dans une perspective plastique de décloisonnement de la technique. On va jouer sur les procédés d’impressions, certaines couleurs, intégrer une dimension de collage, travailler sur le concept d’empreinte et de réhabilitation.

Comment te définis-tu en tant qu’artiste ? Parle-nous de ton univers

J’aime déployer des images tels des cadavres exquis où motifs et objets sont dissociés, empilés, assemblés. Ma posture est celle d’une inscription dans une histoire de l’art pictural de l’iconographie et du collage, à l’instar des mises en scène de Jérôme Bosch à David LaChapelle. Ainsi, l’acte d’archivage est propédeutique à l’acte de création. J’aime aussi apporter un discours du décalage, de l’humour et du paradoxe dans ce que je produis, même dans l’abstrait !

Tu peux nous en dire davantage sur tes matières de prédilection et tes techniques de travail ? 

Je suis plutôt touche-à-tout et surtout inscrit dans une démarche de valorisation perpétuelle. Ainsi, tout me sert. Ou tout me servira un jour. Mon atelier est un peu une caverne d’Ali baba de tout un tas de matériaux, objets, et autres gadgets.

De l’idée à la réalisation, tu nous expliques ton processus de création ?

Mon processus est en dialogue avec Juliette. Je mets en image, elle met en mots. La démarche est proprement empirique, dans l’expérience et le « faire ». Ce sont des fulgurances avec des phases de boulimie (d’images, de sons, de lectures, de papiers tirés) et des phases d’ascétisme où l’on prend du recul pour réfléchir, simplement !

Quelles sont tes principales sources d’inspiration ?

C’est un va-et-vient pluriel, allant des livres d’art anciens aux couleurs de BD ou de films mainstream. J’aime cette complémentarité, l’attraction-répulsion, ce qui fait ying et yang.

En ce sens, le Japon est pour moi le pays incarnant cette dualité qui m’est chère. D’ailleurs, la technique de l’ebru émane elle-même d’une technique japonaise plus ancienne, le suminagashi.

Parle-nous de tes projets à venir

Nous travaillons sur d’autres modes d’impression de l’ebru et en premier lieu celle du papier peint, pour des pièces uniques panoramiques. C’est un gros challenge car il nous faudrait pour ce faire un bac de la taille d’un lé ! Et donc une piscine ! La réflexion se porte aussi sur celle du papier et de la prise des pigments. Des tests sont lancés mais nous poursuivrons aussi à l’automne nos expérimentations.          

Qu’est-ce qui fait la particularité de tes créations ?

Ce ne sont que des pièces uniques et donc par essence, chacune possède sa propre poésie, ou son propre chaos. La particularité de l’ebru est de pouvoir déployer une variété d’images totalement abstraites mais hypnotisantes. C’est pour chacune une invitation à livrer sa propre interprétation.

Notre posture est aussi celle d’un décloisonnement des frontières de cet art séculaire. Utilisation de couleurs plus pops, variété des styles d’impression, place de « l’erreur » dans le processus de réalisation : c’est cette liberté de ton qui rend nos tirages plus intemporels.

Quel objet insolite pourrait-on trouver dans ton atelier ?

Un fauteuil-cadis jaune fluo. Trouvé dans la rue, j’ai ramené le cadis dans mon premier atelier d’Asnières-sur-Seine. Je l’ai coupé à certains endroits, plié, peint, puis agrémenté de coussins d’assise. J’aime cette idée de détournement dans une perspective pop aussi bien sur le plan esthétique que fonctionnel.

Tous nos visiteurs adorent ce fauteuil : ils le testent, jouent avec, se prennent en photo avec, etc.

Petit défi  : 3 mots pour décrire ou définir tes créations

Galactique, marin, cellulaire.

Laisser un commentaire