Comment es-tu devenu créateur ? Quel est ton parcours ?
Depuis mon plus jeune âge le domaine de la création est un univers dans lequel je me suis plongé avec passion. C’est naturellement que je me suis tourné vers le Design après le baccalauréat. Après avoir obtenu mon diplôme de Designer produit à l’école Strate École de Design, je suis parti 1 an et demi au Canada, à Montréal, pour travailler dans une société de création de produits et continuer mon apprentissage du métier à l’étranger.
Revenu en France, j’ai travaillé dans différentes agences de Design à Paris où j’ai pu travailler dans différents domaines avant de fonder FCDesign en 2006 pour offrir mes services de Designer mais aussi la création d’images et animations 3D.
L’envie de créer mes propres produits est venue au fur et à mesure. L’impression 3D l’a accélérée en permettant de réaliser rapidement mes idées en 3D tout en réduisant le coût de nos études Design.
Comment te définis-tu en tant qu’artiste ?
En tant que créateur je me vois comme une éponge. Je regarde beaucoup ce qui nous entoure, je m’imprégne beaucoup des objets de notre quotidien tant au niveau de leurs fonctions que de leurs formes. Ceci me permet d’enrichir ma culture Design si je peux dire. Il est intéressant de comprendre pourquoi certains produits sont intemporels et d’autres au contraire répondent à une période bien précise. J’essaie d’être à l’affût de tout ce qui peut être intéressant au niveau création produit (objets, automobile, milieu nautique…) mais également dans d’autres domaines comme l’architecture, l’art (peinture, sculpture).
Tout Ceci est nécessaire pour pouvoir ensuite le retranscrire dans mes créations, c’est pour cette raison que je me vois comme une éponge.
Il en va de même au niveau des matériaux, car dans ce domaine avec l’impression 3D, les choses se démocratisent puisque chacun peut maintenant avoir accès à une grande gamme de matériaux qui répondent précisément à chaque besoin et contrainte de nos créations. Tout ceci est encore une fois nécessaire dans le process de création.
Tu peux nous en dire davantage sur tes matières de prédilection et tes techniques de travail ?
J’aime travailler sur toutes sortes de matières et avec l’impression 3D je peux en envisager toutes sortes pour diversifier mes produits. De plus en plus de matériaux biologiques voient le jour pour remplacer des plastiques tel que l’ABS. Ceci est très intéressant car chaque matière a ses propres particularités et ses propres qualités pour la fabrication et leur utilisation. C’est un domaine en perpétuel mouvement, j’apprends et découvre de nouvelles matières tous les jours ce qui par le fait enrichi mes créations avec des matières qui répondent parfaitement aux diverses contraintes rencontrées.
Bien sûr les matériaux nobles comme le bois ou le métal utilisés pour la fabrication de mon couteau de cuisine Le Bogio restent des matières incontournables. Je passe beaucoup de temps à échanger avec Nicolas Chazeau, le coutelier qui a fabriqué Le Bogio, pour arriver à concilier mes idées de création et la réalité du process de fabrication.
De l’idée à la réalisation, tu nous expliques ton processus de création ?
L’idée de départ vient souvent d’un manque ou d’une possible amélioration dans un domaine. Lorsque je pars sur une idée il faut qu’elle apporte quelque chose de différent ou un plus par rapport aux objets existants. L’autre façon de faire est de repenser à la fonction d’un objet. Par exemple, la fonction d’un couteau est de couper : l’idée de départ peut simplement venir de cette fonction pour arriver à trouver une forme différente de ce qui existe déjà.
A partir de cette idée le passage aux croquis de recherches est primordial pour travailler cette idée de départ. Ces croquis permettent de valider ou non les différentes solutions envisagées. Toujours par le biais de croquis, je réalise des scénarios pour envisager toutes les fonctions de l’objet. A partir de ces croquis, je garde 2 ou 3 solutions les plus intéressantes que je commence à mettre en forme soit par le biais de dessins plus construits ou par la modélisation 3D. Avec l’impression 3D je fabrique ces 3 idées sélectionnées pour en faire des maquettes et pour pouvoir les tester. Tester le volume en général, la prise en main… Cela me permet de « dépoussiérer » en quelques sorte les objets.
A partir de là un choix se fait fait par rapport à ces 3 idées pour n’en garder qu’une, parfois aussi l’idée gardée est un mixte des 3. De là, une nouvelle phase de dessins plus aboutis puis une modélisation 3D sont réalisées. Ensuite, une autre version 3D est imprimée pour valider toutes les parties de l’objet, il peut y avoir plusieurs prototypes réalisés pour arriver à l’objet idéal avant de le communiquer au fabriquant pour discuter du process de fabrication. A partir de ce moment des modifications peuvent être faites afin de rendre certaines étapes de fabrications plus simples et moins chères. C’est exactement la façon dont Le Bogio a été conçu par exemple.
Quelles sont tes principales sources d’inspiration ?
Il y en a plusieurs. La principale source d’inspiration est l’environnement dans lequel nous vivons, notre quotidien. On peut toujours améliorer les objets nous entourant, on peut toujours réfléchir à ce que l’on pourrait faire de mieux que les objets existants.
Pendant les phases de recherches (création ou technique) la nature est une source inépuisable. Par exemple, La structure d’une feuille ou d’un nid d’abeille, la solidité d’une coquille de noix, etc… La nature est un véritable trésor dont on peut s’inspirer afin de l’appliquer aux créations que l’on travaille.
Une autre source que je consulte régulièrement est le milieu nautique également. Les formes des coques de bateaux, des voiles sont très étudiées et il m’arrive souvent de m’inspirer de ce domaine. C’est d’ailleurs le propre du Designer de savoir transposer une technique, une forme, d’un domaine à un autre.
Parle-nous de tes projets à venir ?
Beaucoup d’autres projets sont prévus après Le Bogio. Dans un premier temps dans le domaine de la coutellerie. J’ai 4 voire 5 projets qui ne demandent qu’à sortir de mes cartons à dessin. Des couteaux originaux qui apportent des solutions différentes de ce qui existe actuellement ou qui mixent tout des fonctions d’un couteau avec d’autres outils de l’art de la table. J’ai un projet de couteau personnalisable également, avec la possibilité d’utiliser des matériaux que l’utilisateurs pourrait choisir.
Toujours avec l’apport de l’impression 3D, dans le domaine de l’art de la table je devrais sortir bientôt des petits objets utiles imprimables depuis chez soi ou à commander directement en ligne déjà ersonnalisé au niveau des coloris et matériaux. Des objets/produits dirigés vers l’utilisateur, pour lui faciliter la vie.
Qu’est-ce qui fait la particularité de tes créations ?
Je pense que la particularité de mes créations est qu’elles sont toutes tournées vers l’utilisateur. La première chose que je prends en compte lors de la création d’objets est le rapport Utilisateur / Objet. Tout objet doit être « au service » de son utilisateur il est donc essentiel que ce dernier soit réfléchi et créé pour faciliter son utilisation. Ce travail se fait par des scénarios qui sont une grande source d’inspiration ce qui permet d’imaginer et de visualiser les choses. Ce travail permet d’envisager toutes sortes d’utilisations de l’objet et ainsi de répondre au mieux aux besoin de l’utilisateur.
Ensuite, je pense que mes créations ont un style assez épuré car une fois ce premier travail fait sur l’utilisateur en général la forme de l’objet découle naturellement des choix faits lors de la conception vis-à-vis de l’utilisateur. Je n’ajoute pratiquement jamais de formes gratuites, les lignes et formes de l’objet doivent donner le sens de produit sans avoir à donner trop d’explications.
Quel objet insolite pourrait-on trouver dans ton atelier ?
Un parpaing !! Je trouve qu’il symbolise parfaitement le processus de création d’un objet ou autres. Ce n’est qu’une toute petite partie d’une maison, d’un immeuble mais il a une importance capitale quant à la bonne réalisation d’un projet architectural.
J’ai donc un parpaing dans mon bureau qui grâce à ses formes me permet en plus de l’utiliser de différentes manières suivant mes besoins.
Petit défi : «3 mots pour décrire ou définir tes créations »
Utilisateur – Originalité – Simplicité