Comment es-tu devenu créateur?
A l’origine, je suis un scientifique, à la fois de formation et de cœur !
De cœur, car je me suis toujours intéressé aux objets et appareils dans leur fabrication et fonctionnement. J’ai des souvenirs de ma sœur ainée qui découvrait ses poupées parlantes devenues muettes après être passées entre mes mains…
Dès que j’en ai eu l’âge, mon père m’a initié au bricolage et au « Do It Yourself ».
Il avait un atelier avec beaucoup d’outils et aimait tout faire lui-même de la conception à la réalisation.
Avec lui, j’ai fait des fauteuils de jardin, des tables basses, des systèmes d’arrosage. J’ai même été maçon ! Un été durant, j’ai dessiné les plans de la maison familiale et l’ai retapée. Elle ressemblait davantage à une ruine qu’à une habitation…
Après 3 mois d’efforts, il y avait l’eau, l’électricité et une chape en béton pour le premier étage, bref… on a emménagé !
Quel est ton parcours ?
Suite à une formation en science et denturologie, j’ai travaillé dans les métaux précieux puis la chimie. J’ai alors rencontré mon épouse, et pour la suivre, j’ai dû me reconvertir ! Je suis devenu agent immobilier, puis nous avons créé une société de restauration d’entreprise et un restaurant/salle de spectacle.
Quand je dis « créer », c’est vraiment le cas, puisque nous avons installé notre salle de restaurant/salle de spectacle dans … un ancien garage à camions !
Avec un architecte, nous avons réaménagé ce cube vide pour en faire un établissement aux normes et une cuisine professionnelle.
Mais pour que la métamorphose ait lieu sans que cela nous ruine, c’est moi qui m’y suis collé !
Electricité, plomberie, peinture, carrelage, parquet, tous les corps de métiers du bâtiment! Une fois que la coquille était réalisée, on est passé à la déco. Et là, je me suis éclaté à récupérer du mobilier et des objets de déco indus, les restaurer pour qu’ils s’adaptent à nos besoins.
En 2019 je laisse mon épouse gérer l’entreprise pour me lancer dans ma passion, la restauration de meubles et d’objets anciens. Rapidement je me suis mis à transformer, détourner ces objets. Et voilà comment je suis devenu créateur.
Comment te définis-tu en tant qu’artiste ? Parle-nous de ton univers
Je ne me considère pas comme un artiste qui crée à partir de matières brutes. S’il faut parler d’« art », alors je préfère me voir comme un artisan. Un vieux livre, une vieille boite, un extincteur, un simple morceau de bois… Le seul point commun de tous ces objets ? Ils sont usagés, ils ont déjà vécu, ils ont déjà fait leur office. Alors je les regarde, je les touche, je les respire et je vais les assembler, les transformer. Je suis dans l’upcycling, je donne une seconde vie à tout et n’importe quoi, souvent n’importe quoi…
Tu peux nous en dire davantage sur tes matières de prédilection et tes techniques de travail ?
J’aime le métal, le verre mais surtout le bois. C’est vraiment une belle matière, «noble» ou simple bois de coffrage, il se prête à toutes techniques et transformations. On peut le combiner avec à peu près tout et dans tous les styles. Pour moi c’est une des plus belles matières.
Quant aux techniques de travail elles sont très artisanales, j’utilise un peu d’outillages électroportatifs mais essentiellement des outils à main. Ciseaux à bois et papier de verre sont mes meilleurs amis.
De l’idée à la réalisation, tu nous expliques ton processus de création ?
Au départ, il y a l’objet. Je le trouve dans la rue, dans un vide-grenier ou alors on me le donne ; maintenant tous mes amis savent que rien ne se jette ! Je l’installe dans mon atelier, on se regarde lui et moi, on se jauge… Je le trouve beau, original ou inutile, je vais chercher comment le mettre en valeur. Vais-je devoir le remettre à neuf ou au contraire le laisser dans son état brut ? En premier lieu, je l’imagine en luminaire, suspension, lampe de table, applique ou en lustre central.
Je vais souvent faire des essais de matières de couleurs. Je montre le projet à ma femme qui apporte son côté féminin et quand le résultat me satisfait, je finalise. Il n’est pas rare que je revienne sur une création pour l’améliorer. Le plus souvent une création me donne une idée pour une nouvelle réalisation.
Quelles sont tes principales sources d’inspiration ?
Je pense que c’est surtout la nature qui m’inspire. Pas forcément la nature dans son état végétal mais plutôt les éléments. L’eau, le feu, l’air…
J’adore la lumière et tous les jeux d’ombre et de clarté que l’on peut admirer à l’état naturel. Le soleil à travers les feuillages, c’est super beau. L’eau qui coule en cascade, c’est tellement agréable à entendre.
Je me laisse beaucoup guider par mes sens. Beaucoup d’idées sur internet, des magazines, des brocantes ou en voyant un objet j’imagine comment le transformer. La nature est une excellente source d’inspiration. Souvent, je récupère des objets dont on ne veut plus, et j’essaie de leur donner une seconde vie.
Et, modestement, j’essaie d’y mettre du sens!
Parle-nous de tes projets à venir
Chez moi on vit 6 mois de l’année dehors, je réfléchis à des modèles adaptés aux terrasses et aux jardins.
Je récupère du bois flotté dans la Durance et teste des ambiances et des formes.
Je réfléchis aussi à des guirlandes lumineuses originales pour lesquelles j’ai une belle collection de canettes .
Et je termine une série de chandeliers hyper colorés pour illuminer les belles tablées des soirées estivales! Pour tout vous dire, ce ne sont pas uniquement des chandeliers… ce sont des bougeoirs à messages : on pourra écrire à la craie dessus!
Qu’est-ce qui fait la particularité de tes créations
Je ne cherche pas à ressembler aux autres, je ne cherche pas à être à la mode. L’originalité fonctionne au « coup de cœur » et je veux qu’il en soit ainsi pour ceux qui regardent mes objets. Je préfère un : « c’est sympa, on n’en voit pas partout », plutôt que : « c’est beau, ça ressemble à ce que j’ai vu …ailleurs ». Moins conventionnel, plus décalé.
Quel objet insolite pourrait-on trouver dans ton atelier ?
Mon atelier c’est la caverne d’Ali Baba, c’est un véritable cabinet de curiosités, des choses bizarres il y en a plein les étagères…
Mais le plus bizarre est certainement toute une collection de fausses dents en résine qu’un ami prothésiste m’avait donnée. Je l’ai mise dans un coin en me disant ça pourra peut-être servir, c’était il y a environ 20 ans…
Petit défi : » 3 mots pour décrire ou définir vos créations »
Original, Coloré, Lumineux !
Si vous avez aimé ce portrait, retrouvez ceux de nos créateurs et artisans !