Laura, tu as créé Maison Tessier, quel est ton parcours ?
D’autant que je me souvienne, j’ai toujours aimé créer. Toute petite, je m’adonnais à toutes sortes d’activités manuelles et laissais libre cours à mon imagination foisonnante. Toute ma primaire, j’ai suivi des ateliers de céramique. Le modelage était idéal pour créer tout ce qui me passait par la tête. En grandissant, j’ai conservé ce goût pour les inventions, les créations, le beau, l’original ou encore l’extravagant… Je savais que la création serait partie prenante de mon métier mais pas encore comment et avec quoi.
L’enseignement scolaire ne correspondait pas à mon tempérament et très vite, grâce au soutien de mes parents, je suis sortie du système scolaire conventionnel en optant pour des cours par correspondance pour ma Première et Terminale S. Ces deux années ont été une grande chance et le début du goût pour l’entrepreneuriat. J’ai enchaîné avec un DUT Multimédia qui m’a permis de découvrir différentes voies. En parallèle des cours, je me suis exercée à différentes techniques artistiques. J’ai successivement découvert la photo et la vidéo avec le Reflex de mon père, avec ma sœur comme modèle ou actrice principale.
Comment es-tu devenue créatrice ?
Venant d’une famille d’ébénistes normands, j’ai toujours vécu entourée de meubles de famille fabriqués par mes ancêtres. À la fin de mon DUT, j’ai pris conscience que ces racines étaient précieuses avec, par exemple, les nœuds papillon en bois fabriqués par mon grand-père et mon père, que j’ai toujours connus dans l’armoire de mes parents. Je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite mais c’était très avant-gardiste : mon père en avait porté un en ébène à son mariage !
L’idée de créer une marque de design a donc commencé à germer car il était important pour moi de mettre en avant cet héritage de savoir-faire.
En attendant que l’idée mûrisse, lors de mon premier stage à Paris, j’ai fait la rencontre d’un Motion Designer qui a su me communiquer sa passion. J’ai donc choisi d’entreprendre un cursus dans l’image et la communication, en passant le concours de Graphiste Motion Designer à l’école des Gobelins. Cette dernière année d’étude, m’a permis d’affirmer davantage mon univers.
Diplôme en poche, je me suis lancée en freelance, un choix évident après mes différents stages en agence. En parallèle de mon activité de Motion Designer, j’ai continué de travailler au développement de l’identité de Maison Tessier en mixant mes racines à mes envies de créations. Le 2 mai 2019, je lance officiellement Maison Tessier, avec les Lampes Squelettes, suivies de près par les nœuds papillon en bois Lysandra.
Comment te définis-tu en tant qu’artiste ? Parle-nous de ton univers
J’ai du mal à me définir en tant qu’artiste car pour moi, être « Artiste » c’est la consécration ultime ! Je me définis vraiment comme Créatrice, par ce besoin vital de créer et de partager.
Il m’a fallu du temps pour définir l’univers de Maison Tessier. Finalement, il est sans limite si ce n’est celle de mon imagination. Je ne sais pas me limiter à un genre d’objet, une matière… On retrouve peut-être mon esprit rebelle qui ne peut pas se cantonner aux cases préétablies. Pourquoi se limiter à un seul métier quand on peut en exercer plusieurs ? Et bien, c’est pareil côté création : j’aime mélanger les savoir-faire avec de nouvelles techniques.
La solution a donc été de penser Maison Tessier comme un cabinet de curiosités, où chaque objet a une personnalité parfois un peu humaine ou animale et qui a sa propre histoire.
Comme beaucoup, j’ai toujours été attirée par les choses précieuses et luxueuses mais je ne me retrouve pas dans le côté froid et austère de ce monde. En effet, je préfère les choses décalées et hautes en couleurs, l’humour, les jeux de mot, le franc-parler, les choses simples mais vraies. Le terme « chic osé » est né car il réunissait selon moi l’idée d’un objet beau et distingué et celle d’un objet plus audacieux.
Le végétal est également omniprésent dans l’univers de Maison Tessier, qu’il soit en papier pour des décors photos ou destiné à magnifier nos intérieurs. Il est partout !
Tu peux nous en dire davantage sur tes matières de prédilection et tes techniques de travail ?
Le bois est une histoire de famille chez les Tessier. Il s’agit en effet d’un héritage familial qui se perpétue depuis 1890. Mon grand-père a appris à mon père le travail du bois, qui me l’a transmis à son tour. Ébéniste de formation, je l’ai toujours vu bricoler avec beaucoup d’ingéniosité, en embarquant ma mère avec lui. Ils savent tout faire ou ils trouvent toujours un moyen de réussir. Nous échangeons souvent ensemble pour trouver des solutions techniques à mes envies.
Mais ma curiosité est trop forte pour me restreindre à une seule discipline ou à un seul matériau. Par exemple, je me suis auto-formée à la technique du macramé. Après avoir fait des bracelets brésiliens, du tricot et du crochet, j’ai eu envie de valoriser ces techniques. Alors sont nées les suspensions en macramé, agrémentées de disques ou de plateaux en bois.
Après les formes « squelettes » en bois, les « tendons » en fils de coton, j’ai décidé de créer la chair en argile avec les pots Fessiers. Ce retour au modelage était comme une évidence car il représente pour moi une vraie liberté créative.
Voilà pour mes premières créations mais ma curiosité est telle que de nouveaux objets issus de techniques nouvelles ou mixtes vont certainement voir le jour à leur tour.
De l’idée à la réalisation, tu nous expliques ton processus de création ?
Mes créations découlent de besoins, d’utilité ou tout simplement d’envies. Et pour exprimer ma singularité créative, je tente perpétuellement de trouver de nouvelles sources d’inspirations. De nouvelles techniques, de nouveaux matériaux, ou encore de nouvelles associations… Tout en gardant une approche la plus écoresponsable possible. J’aime pouvoir me dire que mes créations inspirent, créent une émotion, un rire, interpellent, surprennent…
Quelles sont tes principales sources d’inspiration ?
Tout peut m’inspirer, rêver dans le train, visiter une expo, me promener, regarder un magazine, des Tout peut m’inspirer : rêver dans le train, visiter une expo, me promener, regarder un magazine, des photos, un film… Quand quelque chose m’inspire, je fais en sorte de l’orienter vers une utilité, un message, une matière ou une forme.
Parle-nous de tes projets à venir
Je bouillonne d’idées et le temps aide souvent à faire des choix sur celles qui vont voir le jour en premier.
Dans mon esprit, mes créations sont faites pour égayer le quotidien, et mon but est toujours d’élargir la gamme de produits, de la faire évoluer.
Je travaille également à des partenariats avec des marques dont les valeurs et l’univers correspondent à celui de Maison Tessier car ces échanges sont très enrichissants.
Qu’est-ce qui fait la particularité de tes créations ?
Mes créations sont exclusivement des produits artisanaux qui sont faits à la main en France. Il s’agit donc de créations uniques, en séries numérotées qui sont accompagnées d’un certificat d’authenticité.
J’attache une grande importance à l’origine de la matière et je fabrique presque tout moi-même afin de contrôler la qualité des produits.
Pour la phase de conception et pour l’utilisation des produits, ma démarche est la plus écoresponsable possible.
J’espère transmettre une histoire ou une anecdote à travers chacune de mes créations, qui continueront leur longue vie et s’épanouiront chez vous.
Quel objet insolite pourrait-on trouver dans ton atelier ?
Des brosses à dent, elles sont très pratiques pour aller dans les petits recoins !
Petit défi : 3 mots pour décrire ou définir tes créations
Mes créations sont des curiosités chics et osées.