Nous sommes allés à la rencontre de l’artiste peintre Kloo. Elle nous a livré quelques secrets. Voici le portrait de créateur de la semaine.
Kloo, as-tu toujours été une artiste ? Qu’est-ce qui t’a donné l’envie de créer ?
Adolescente, j’ai suivi des cours de dessin avec une vieille dame délicieuse qui m’a donné les premières bases. Nous faisions de la linogravure. Puis j’ai déménagé à Strasbourg où j’ai suivi des cours aux Arts Décoratifs ou j’ai eu envie de tenter le concours d’entrée, ce qui n’était pas du goût de mes parents. Trop sage je les ai écoutés…
Cependant, l’art, qui est un domaine très vaste, a continué à être présent dans ma vie à travers la musique (le chant choral pratiqué durant 30 ans), la danse et le théâtre pour lesquels j’ai écrit, organisé des spectacles et vécu bien des aventures. Je crois avoir été une artiste malgré tout durant toutes ces années, même si mon expression personnelle a été souvent mise au second plan.
Les idées artistiques fusaient sans cesse et occupaient ma tête bien que je n’ai pas le temps de les mettre en œuvre avec mon travail à plein temps, quatre enfants et un mari absent sans cesse. En 2012, les enfants avaient grandi, je me suis retrouvée brutalement seule et j’ai repris les pinceaux, tubes et toiles et depuis je n’ai pas arrêté.
L’envie de créer est constitutive de ce que je suis. La création m’est naturelle, nécessaire, obsessionnelle. Elle évolue, se perfectionne et s’enrichie. C’est une source.
Tu réalises des peintures abstraites, pourquoi ne pas choisir la figuration ?
Je suis à l’aise avec l’abstrait, les couleurs, les matières… mais une partie de mon travail repose sur une interprétation du réel de façon non figurative. En 2017 par exemple, mes tableaux ont tourné autour des thèmes de l’eau et de la musique. Pour l’eau, c’était assez explicite mais pour la musique, cela demande toujours une petite explication.
Par ailleurs, ce que j’aime dans l’abstrait c’est de pouvoir proposer à la personne qui regarde mes tableaux de convoquer son propre imaginaire pour s’approprier l’œuvre. Le figuratif ne permet pas facilement de faire appel à l’imaginaire. Le paysage, le portrait, le compotier plein de fruits limitent, imposent une façon de voir… quoique!
Où puises-tu ton inspiration ?
J’ai des flashs en permanence qui me donnent des pistes. Les couleurs viennent, des formes m’apparaissent. C’est surtout un travail intérieur qui se tricote dans ma tête et le creux de mon ventre que je restitue sur la toile.
Quel est ton processus de travail ?
Mon atelier est un endroit très agréable, clair et au centre de notre maison, ce qui me permet de rester connectée avec la vie quotidienne. Je travaille dans le calme. Les toiles vierges, le papier, les supports à peindre sont dans un petit local à côté. Je prends une toile. Je commence par la préparer en mettant les clés de tension et une où deux couches de gesso. Mes pots, tubes et pinceaux sont dans deux dessertes près de ma grande table.
Je prépare mes couleurs dans une assiette en plastique qui me sert de palette. Au besoin, je plongerai directement dans le pot selon la couleur et l’effet recherché. Je prépare un fond uni qui peut être coloré où non, je trace quelques traits au crayon qui seront mes repères. Je pose mes couleurs tantôt avec un couteau, un pinceau où même une éponge. Je gratte, j’essuie. Je mets des matériaux complémentaires (sable, petits bouts de bois…). Mais je ne sais pas encore ce que sera cette toile, quelle identité elle aura.
Le travail se poursuit un moment. Je m’arrête, retourne ma toile, vérifie l’équilibre où la cohérence de la composition. C’est fini… où bien ça doit reposer jusqu’à demain. A un moment, je sais que c’est terminé et le nom que je vais lui donner s’impose à moi. Il ne reste qu’à vernir, installer un dispositif d’accrochage, faire un certificat d’authenticité, des photos, un descriptif… Elle est disponible pour aller contenter des yeux ailleurs.
Quels sont les artistes dont tu admires le travail ?
Dans les artistes célèbres, j’aime: Léonard de Vinci «Le Maître», Botticelliet les peintres de la Renaissance, Camille Claudel, Nicki de Saint Phale, Robert Delaunay, Sonia Delaunay, Marc Chagall, Pierre Soulages, Antoni Gaudi, Jean-Sébastien Bach, Mozart, Berlioz, mais beaucoup d’autres inconnus et pourtant merveilleux.
Kloo, as-tu d’autres projets/envies artistiques ?
Dans mes placards, j’ai des draps de lin de ma grand-mère. Je voudrais les utiliser pour la réalisation d’une grande fresque à enrouler et dérouler selon l’envie. Mélanger différentes techniques comme l’encre, la broderie, les collages. Je voudrais travailler du fil pour réaliser des suspensions très légères et j’aimerais apprendre la sculpture et la poterie.
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