Les bâtons de fumigation connaissent une nouvelle vie entre les mains de Joséphine, la créatrice de TOTEM Nature. Un portrait nature !
Comment es-tu devenue créatrice ? Quel est ton parcours ?
J’ai fait une formation d’art appliqué à l’École des Arts Décoratifs de Paris. De grands professeurs de cette école m’ont entrainé à réfléchir au sens profond des choses. Pas seulement de ce que nous en voyons.
« Allez toujours plus loin au cœur des choses » nous demandaient-ils. C’était difficile mais tellement enrichissant de se dépasser.
Je mets en pratique cette gymnastique depuis 20 ans déjà en tant que suis directrice de création. Pour faire le meilleur portrait mes clients, je suis à la recherche même du sens qu’ils ont parfois perdus.
Pendant le premier confinement, j’ai décidé de créer moi-même quelque chose qui viendrait assouvir notre manque de nature face à la situation absurde que nous vivions. Tous emprisonnés dans nos propres maisons, en manque de sens. En me penchant sur nos origines, sur notre histoire et sur les plantes, tout à la fois.
De l’idée à la réalisation, tu nous expliques ton processus de création ?
À cette même époque, j’ai découvert les bâtons de fumigation. Cet objet non transformé, à l’état brut, directement extrait de la nature. J’effectuais des travaux dans ma maison, et ils ont été très efficaces pour purifier l’espace autour de moi. Plus je les utilisais, mieux je respirais. Je sentais l’intérêt de cette fumée qui assainissait mon espace et me faisait sentir bien.
Je me suis alors interrogée sur cet objet mi-bâton, mi-plantes que je trouvais curieux. J’ai effectué des recherches et découvert l’origine des bâtons de fumigation dans différentes civilisations et cultures.
Partout dans le monde et depuis longtemps, on pratiquait la fumigation pour purifier. «par-fumer » (en latin per fume= par la fumée). Avant le développement des produits de synthèse, la fumigation était même utilisée dans les hôpitaux en cas de vague de grippe notamment.
La partie soin bien-être des fagots de sauge a fait écho chez moi. J’aime prendre soin des autres et je soigne de plus en plus ma famille avec les plantes pour les choses simples. La partie mystique qui entoure le sujet, fait partie de mes intérêts. Les figures de sorcières, ces femmes qui ne sont souvent que des femmes pensantes, aux connaissances rares sur les plantes notamment. Celles qu’on a persécuté pour faire taire leurs pensées différentes, dérangeantes… Autant de facettes axées sur les racines de l’homme et de l’âme qui ont répondu à mes centres de réflexion et d’intérêts.
Quelles sont tes principales sources d’inspiration pour TOTEM Nature ?
Tout ce que j’ai lu m’a plu. Cela faisait sens, et j’allais de plaisir en plaisir. Après l’histoire, les origines-racines de la fumigation, j’ai continué à effectuer des recherches sur les plantes, un autre sujet de prédilection. Pourquoi se contenter de la sauge comme les autres ?
Il y a une quantité de plantes médicinales super puissantes. J’avais envie en toile de fond de remettre à toute petite échelle l’Homme au centre de son propre cercle naturel. En choisissant les plantes qui sont celles de son pays, de sa terre, sa culture. Sans aller chercher des histoires et symboles dans des terres étrangères. J’ai découvert ce qu’étaient nommé « les simples ». Les plantes aux vertus médicinales que les moines plantaient pour se soigner près de leurs monastères.
En écoutant les anciens, j’utilise en base de mes assemblages les propositions de nos moines, simples et efficaces.
Je considère aussi les plantes chères aux druides, qui selon moi, sont les premiers herboristes. Ces mêmes plantes que les herboristes modernes actuels valorisent avec des mots plus scientifiques. (Alors qu’elles portent les mêmes noms latins d’origine.)
Progressivement je me suis trouvée embarquée dans un voyage qui s’est dessiné tout seul en moi. Avec une évidence, une logique naturelle et je l’ai suivi.
Tu peux nous en dire davantage sur tes matières de prédilection et tes techniques de travail ?
La dernière clef de mon projet est mon nez.
J’ai un odorat très développé depuis toujours. Cet appendice, comme disait Cyrano, a chez moi sa propre indépendance et vie. De surcroit très exigeant, il ne supporte pas la médiocrité.
Il « voit » bien avant mes yeux. Me renseignant sur ce qui se passe au loin, derrière les murs et les fenêtres. C’est l’un de mes sens le plus développé et je ne pourrai vivre sans. Même si parfois je souffre de trop sentir !
J’ai donc voulu faire des assemblages qui sentent bon, un peu dans l’esprit d’un petit parfumeur aux plantes. Parfumer et par la même occasion faire du bien.
Ainsi je suis arrivée à des résultats bien plus agréables que la sauge de Californie ou l’armoise seule. Elles ont des odeurs assez rudes, acide pour l’armoise.
Pendant mes vacances dans le sud de la France, j’ai fait mes premiers essais avec les plantes que j’ai pu cueillir et qui répondaient à mes recherches.
Petit à petit j’ai refait mes essais de plantes ficelées plus joliment pour finalement arriver à en faire des bouquets qui avaient une forme harmonieuse.
Impossible pour moi de continuer à les appeler bâtons. Depuis un moment je les appelais « bouquets » car je voulais qu’ils fassent du bien. Le mot bâton ressemblait certes aux fagots d’origine, mais pas à ce que j’en faisais. Mes intentions vont vers le soin, le plaisir et la beauté.
Comment te définis-tu en tant qu’artiste ? Parle-nous de l’univers de TOTEM Nature
Je ne suis pas une artiste. Je fais de l’art appliqué en quelque sorte. C’est à dire que je mets ma sensibilité artistique au service de quelque chose, qui a une fonction, une raison d’être.
Ma réflexion et mon regard artistique se posent sur un objet sensé qui existait déjà, qu’on avait perdu de vu. J’en fais quelque chose qui répondait à mes exigences et mes goûts. J’aime les choses vraies, bien faites, sincères, simples et raffinées à la fois. La nature, la poésie, l’art, l’esthétique et les plaisirs sont mes cartes préférées dans le jeu de la vie que je souhaite mener.
Parle-nous de tes projets à venir
Je souhaite développer cette enseigne TOTEM nature qui ne s’arrêtera pas au rituel de bâtons de fumigation des bouquets totem. Elle sera un moyen de renouer avec nos origines, avec la nature. Elle valorisera le règne animal et végétal à travers différentes formes toujours avec poésie, sincérité et esthétisme. Tout en préservant l’environnement dans sa mise en œuvre et en fabriquant en France autant que possible. (Les allumettes par soucis de qualité sont fabriquées en Allemagne)
Qu’est-ce qui fait la particularité de tes créations ?
- Tout d’abord la provenance des plantes et le mode de culture. Elles viennent de France, de petits producteurs en biodynamie ou issus de cueillette sauvage sur site certifiés bio les cultivent. Actuellement même dans les magasins bio on ne trouve que des bâtons de sauge importés de Californie non-bio.
- Les parfums des bouquets totem sont étudiés, raffinés et en font des parfums naturels d’intérieur.
- Le soin apporté à la composition des bouquets et à chaque détail qui les accompagnent.
En résumé, les bouquets ont la même origine que les bâtons de fumigation. Mais ils ont une intention plus large que leurs ainés. Leur constitution permet à chacun de trouver ce qui lui plait. De la plante à l’objet raffiné, au parfum d’intérieur.
Quel objet insolite pourrait-on trouver dans ton atelier ?
Des fanes fraîches de carottes avec la coupe orange restante de la carotte. En guise de fleurs rassemblées en bouquet dans un verre, posé sur la table. Un bouquet de l’ordinaire inattendu, vert ciselé avec des poids orange en somme. Un bouquet décalé et poétique.
Petit défi : « 3 mots pour décrire ou définir tes bâtons de fumigation »
Vraies, Pures et Plaisir !